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C’est drôle comme, même après des années de pratique, c’est toujours un peu intimidant de reprendre le blog après une période de silence, si brêve soit-elle. Entre la pression du retard qui augmente chaque jour et l’impression que « pour le coup, il va falloir revenir avec un truc vraiment bien » -un truc sérieux, qui vaille la peine, un vrai argument de fond qui souléverait l’enthousiasme des foules (si), j’ai longtemps hésité sur la façon de m’y mettre, et sur le sujet à aborder. Mais si, à force d’attendre la vraie question, le grand sujet (avec un blog sur le panettone et les pigeons, je vous laisse imaginer ce que j’entends par grand sujet!), je ne revenais jamais? Portée par des semaines très remplies, vaguement appâtée par la perspective de (trop) courtes vacances à la fin du mois, je manque de temps pour moi et je manque à tous mes devoirs de guide spirituelle milanaise (si) (mais l’ego va bien, merci)

En fait, ce qui me porte, mais bien négativement, en ce moment, c’est la conscience d’être en retard permanent. De payer mes factures en retard, de répondre à mon courrier en retard (les gens, je vais vous répondre, j’y crois fort et je vous demande d’y croire aussi, merci), d’oublier les anniversaires, de laisser la bouffe périmer dans le frigo, les légumes se friper dans le bac et ma frange pousser de façon démesurée (vous avez dit balai?)

J’ai toujours un peu de mal avec l’hiver, et le fait d’avoir été beaucoup malade cette anné m’a privé d’été, donc j’ai un peu l’impression d’être passée d’avril à novembre, sans transition. J’ai tellement l’impression d’être à la bourre que je ne parviens même pas à me mettre dans l’ambiance pré-Noël que j’aime tant (du genre, quoi? Noël déjà? attends mais on n’a pas encore fêté Paques et le 15 août et le beaujolais si?!) En fait, j’aimerais bien pouvoir tirer un grand trait sur tout ce retard et repartir à zéro avec une to-do list de 4 lignes maxi, mais non, on me dit dans l’oreillette que ça ne va pas être possible (surtout pour les factures en retard, à mon avis).

roue voilée

Alors il va falloir accepter de se mettre à jour doucement, de ne pas pouvoir tout régler en un jour, ne pas céder à la panique, penser à ne pas trop lever le bras gauche pour qu’on ne voit pas l’accroc au pull que je n’ai pas encore eu le temps de raccomoder, retenter le pain sans gluten (et accepter de n’avoir jusqu’ici réussi qu’à produire des sortes d’agglo au vague parfum de quinoa), me remettre en selle (une récente chute à vélo qui m’a laissée pleine d’ecchymoses, et les tristes nouvelles quelques jours après d’une autre cycliste ne s’étant elle pas relevée m’ayant rendue légérement à cran au moment d’enfourcher ma monture fraîchement réparée), m’étourdir de plannings, de listes, rattrapper le retard et retrouver le temps et l’envie pour de nouvelles choses…

Les italiens ont coutume de dire « Tu as voulu un vélo, maintenant tu pédales! », et c’est bien de ça qu’il s’agit. Au fond il y a toujours une petite fille au fond de moi qui panique et me demande pourquoi j’ai choisi d’être freelance, de zapper les vacances, de prendre des risques (une trouillarde qui ne veut pas se passer de roulettes, parlons clairement), et puis il y a l’autre moi (oui oui je parle de moi à la troisième personne, tout va bien), celle qui va juste resserrer un peu son casque en polystyrène et enfourcher son vélo orange, réussir à respecter les deadlines au boulot, finalement réussir son pain, trouver le temps de décorer un sapin et de vous pondre 3 articles hebdomadaires au moins!

J’vous laisse, j’vais m’couper la frange! A demain!