Poursuivons notre rattrapage culturel! La fondation Trussardi a la particularité, outre de proposer des expos de qualité, de toujours choisir comme cadre des lieux d’exception. Dans le cas de Fault lines de Jennifer Allora et Guillermo Caldazilla, si les oeuvres ne m’ont pas toutes particulièrement touchée, j’ai été ravie de pouvoir pousser la porte du Palazzo Cusani à Brera où je n’avais encore jamais mis les pieds! Avec en prime, des oeuvres intéressantes, sinon marquantes, et de belles trouvailles musicales qui invitent à la rêverie… Qui me suis?!
L’expo s’articule autour du concept de frontière, de démarcation entre deux mondes (monde animal et monde humain, passé et présent…), et les supports choisis (sculpture, musique, vidéo) sont des vecteurs d’émotion plus qu’ils ne revètent une fonction.
Du monument pseudo-géologique dans la cour comme une mémoire de l’humanité dont s’échappent les échos de grands discours historiques au piano à queue à pianiste intégré jouant la 9e symphonie de Beethoven, à la fois symbole militaire et hymne à la joie, on comprend dès l’entrée que la portée symbolique des oeuvres est décuplée par le cadre de ce haut lieu de commandement militaire, dont la reconversion temporaire en galerie d’art n’est qu’un décalage de plus à a jouter au fil rouge des artistes.
J’ai aimé aussi returning a sound, vidéo tonitruante de la réappropriation sonore de l’île de Vieques par ses habitant après l’occupation américaine, revolving door, cette porte à tambour humaine et dansante qui ne laisse libres les visiteurs qu’au gré des mouvements du groupe entier, et puis l’ouragan de salon de Cyclonic palm tree… J’ai été touchée aussi par cette histoire d’éléphants capturés en 1798 à qui on avait fait écouter de la musique pour tenter de communiquer, et en hommage à qui Tim Storms, dont les cordes vocales permettent d’atteindre les octaves les plus basses au monde que seuls les éléphants peuvent percevoir, chante en déambulant dans le muséum d’histoire naturelle de Paris…
Et puis ces miroirs baroques, ces vieilles tapisseries qui brillent, ces plafonds moulurés, ces boiseries et ces chandeliers, c’est plus qu’il ne m’en fallait pour rejoindre la rue ravie et repue, convaincue que l’art, quand on lui laisse la place nécessaire pour s’exprimer, peut tout équilibrer…
A voir (ab-so-lu-ment!!!) avant le 24 novembre 2013 (entrée libre de 10h à 20h, le 23 novembre de 15h à 20h) Palazzo Cusani – via Brera 15 – Milano
Heureusement que les entrepreneurs italiens prennent quelques fois le relais de l’état pour soutenir l’art ; l’exemple de la Fondazione Trussardi avec son concept de « musée nomade » est très intéressant.
@Matching Points: dommage qu’ils ne communiquent pas beaucoup, j’ai appris l’existence de cette expo un peu par hasard… c’est vrai qu’ils font un super boulot, tant dans le choix des lieux que pour la scéno, et j’aime aussi que l’entrée soit gratuite, ça permet à un plus large public de découvrir un lieu et de s’approcher un peu d’un milieu d’ordinaire plus réservé…