Alors que tout le monde s’évade au frais au bord de la mer, on explore la ville désertée et les coins où personne ne va jamais! Vous vous souvenez peut-être qu’à peine arrivée à Lyon j’avais participé avec beaucoup d’enthousiasme à une visite de parkings souterrains? J’ai toujours bien aimé aussi le parking aérien des Halles, mais il est d’ordinaire trop fréquenté pour que ce soit agréable de s’y aventurer à pied, alors dimanche dernier, on a profité du calme général pour y entrer et s’y balader.

J’aime bien ce genre de bâtiments pas évidents, ceux qui peuvent paraître moches au premier abord et que les citadins détestent cordialement. Symboles du béton (« le forte minéralité du quartier », comme disent les communicants de la ville) et d’absence de verdure, ils sont aussi porteurs des grandes idées (qu’elles soient bonnes ou ratées) d’urbanistes, d’architectes, et disent l’air du temps dans lequel ils ont été bâtis.

Le parking des Halles est le plus vieux parking de la ville de Lyon. Inauguré en 1969, sa silhouette cylindrique due à sa structure silo hélicoïdale sur 8 niveaux qui lui a valu son surnom de l’Escargot fait aujourd’hui partie du panorama du quartier au même titre que la « tour crayon », l’auditorium et la gare de la Part-Dieu.

N’ayant pas de voiture, je ne peux juger de sa praticité et il m’est facile de considérer uniquement ses qualités esthétiques, mais rien que la vue à 360° qu’on a du 7e étage sur le quartier vaut la peine de s’y aventurer! Un projet est même en cours qui prévoit d’aménager son sommet pour y installer des jardins, une buvette et des espaces de pique-nique, une bonne idée pour inciter même les lyonnais non-motorisés à s’y rendre!

Et puis d’en haut, on est pile en face de la barre Zumbrunnen, cet immeuble des années 60 conçu selon les principes chers à Le Corbusier dont l’architecte Jean Zumbrunnen fut un fervent disciple: bâtiment sur pilotis, béton brut de décoffrage, espaces de vie lumineux et fonctionnels… Ce n’est pas pour rien si, de l’extérieur, le bâtiment a des airs de cité radieuse! Si je n’ai pas (encore!) tenté d’y rentrer, je sais déjà que les appartements y sont traversants et dotés de deux loggias, soit quelques 30 m2 pour jardiner ou rêvasser, un luxe en plein centre-ville! Si l’allure du bâtiment ne fait pas l’unanimité, je pense qu’on doit y être bien installé, et j’ai résisté à la tentation de zoomer pour voir ce que chacun avait fait de sa terrasse!

Bref, une jolie balade, à base de découvertes urbaines, mais aussi de signalétique et d’aménagements vus d’en haut qui font ressembler les rares promeneurs à des fourmis et la ville à un décor de Jacques Tati. J’ai hâte de voir ce que le futur projet d’aménagement du toit du parking va donner, j’ai entendu parler de lavande, de thym, de saules et même de pistachiers… Je trouve que c’est un beau symbole qu’un emblème de l’urbanisation devienne une sorte de phare végétal, et qui sait, peut-être qu’un jour l’Escargot changera totalement de fonction et se laissera envahir entièrement par la végétation!

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