Le rattrapage culturel se poursuit! Je vous parlais l’autre jour de l’expo the visitors au Hangar Bicocca, mais je ne vous ai rien dit de l’autre exposition en cours au même endroit, une fois passé le fond de la salle des projections, une fois entré dans l’univers de Dieter Roth… Un artiste qui a fait de sa vie la matière principale de ses oeuvres; ça donne des installations brillantes (les parquets relevés de ses différents ateliers), des vidéos flippantes (les gestes quotidiens mille fois répétés dans un espace confiné) et des collections cra-cra (ses emballages de casse-croute classés, son caca quotidien photographié et archivé)… Et forcément, des oeuvres à caractère éphémère ou mouvant, comme la vie qui change les choses et les gens, dégrade et anéantit les contours et le vivant.
Une interdépendance oeuvre-biographie qui soulève les questions de cause à effet: qui influence qui? qui nourrit qui? Une relation alimentaire qui s’exprime aussi dans le choix des matériaux: chocolat, sucre, renforcée par le fil conducteur de l’expo: l’idée de strates, d’accumulation dans le temps qui finit par faire sens, comme si chaque en objet, chaque acte, se trouvait inscrit tout ce qui a mené à lui: les verres vidés, les papiers gribouillés et les gens rencontrés…
On déambule entre vidéos, ateliers recréés et expériences chocolatées, comme un voyeur, un observateur invité à un moment donné au milieu d’une oeuvre encore en devenir, où rien n’est figé ni controllé; on regarde, on s’étonne, on aime, on s’écoeure ou on s’ennuie, c’est tout l’art de la vie…
Dieter et Björn Roth – Hangar Bicocca – Milan – jusqu’au 2 février 2014