Ceux qui me suivent sur les réseaux savent que j’ai passé une semaine à Milan au début du mois (ils savent aussi que la grippe m’a terrassée dès mon retour à Lyon, d’où ce délai éhonté de publication). C’était la première fois que j’y retournais depuis mon départ en juillet, et j’étais à la fois euphorique et vaguement inquiète… La dernière fois que je suis allée à Milan « pour voir », j’y suis restée 9 ans, d’où mes interrogations sur l’opportunité d’investir dans un billet retour. J’avais emmené le Mec dans mon sac à dos, et c’est rien de dire qu’on a passé la semaine la bouche grande ouverte, pour manger des trucs trop bons, retrouver le plaisir de parler fort et rire à la vie.
Inutile de me demander ce que j’ai préféré, ce qui m’a déçue ou manqué… dès la première minute on avait perdu tout sens critique, on aimait tout en bloc, même le métro aux fréquences d’équinoxe et les gens qui se ruent sans laisser descendre quand les portes s’ouvrent! Il en faudra du temps pour que je me sente à ce point « chez moi » ailleurs, avec cette impression d’évidence (du soleil, de la mozza, what’else?). Période de design week oblige, on a beaucoup marché, pédalé, scruté, photographié et bu, mais sans jamais oublier de faire des stocks au grissinificio au passage, de passer faire coucou aux gens du quartier et de profiter de chaque minute de soleil, chaque goutte d’huile d’olive, chaque sourire échangé.
On m’a demandé, comme chaque année pendant le Salone del mobile, ce que j’avais préféré, si c’était mieux avant ou ce qui avait changé, et je crois que jamais moins qu’aujourd’hui je n’ai été capable de répondre à ces questions. Évidemment avec le temps on est un peu blasé, ça fait plus de 10 ans que je « fais » le Salon et je suis plus difficile qu’alors à impressionner! Mais j’aime toujours autant l’énergie de cette période, et l’effervescence qui étend sur la ville un voile d’inattendu; où l’on se laisse surprendre avec délices par une expo au détour du chemin, un chandelier qui apparait soudain dans un jardin, un entrepôt loué pour l’occasion pour présenter de nouvelles collections…
Je m’étonne avec le temps de découvrir encore de nouveaux lieux. Le Salone bouge et conquiert chaque année de nouveaux quartiers. Certains tombent en désuétude, des espaces et des rues redorent d’un coup leur blason trendy sans que quiconque se soit passé le mot, les marquent oscillent entre une surenchère de grandiose ou un snobisme feint, et c’est à qui n’ouvre que deux jours après les autres, limite l’accès à des invités triés ou, au contraire, remue ciel et terre pour ameuter la ville, étancher des soifs de titan, secouer les habitués des design weeks avec de grands évènements et s’octroyer une place sur la liste des places-to-be du moment…
Je trouve que tout devient plus chic, j’ai photographié autant de looks que des chaises et suis restée baba devant l’ampleur prises par certaines installations. Ce n’est sans doute pas pour rien si de plus en plus de marques de mode se joignent chaque année à la fête. On s’approche de plus en plus de ce milieu fermé, les inaugurations ont des allures de défilés, les prix des objets circulent sous le sceau du secret et on s’éloigne un peu de la grande fête populaire que j’ai connu il y a dix ans, quand des bus d’étudiants débarquaient de toute l’Europe pour boire des bières et admirer d’iconiques tabourets.
Et plus que jamais, j’ai ressenti combien cette ville compte de trésors et comment elle imprime sa patte à l’évènement. Et combien les installations, aussi innovantes soient-elles, ne prennent leur sens que dans cet écrin de ruelles, de sons de cloches permanent et de petits bars miteux où le café est pourtant délicieux. Et combien le soleil compte pour envelopper le tout dans une ambiance de fête, et combien une glace à la pistache ou un morceau de parmesan frais suffisent à consoler d’un papier peint décevant, d’un lampadaire trop clinquant.
Aussi, vous excuserez le déluge de photos, la touriste en moi s’est défoulé après de longs mois d’inactivité, tout comme le Salone ne va pas tarder à faire éclore ici une foule de nouveaux articles parce que, il faut bien le dire, vous aussi vous m’avez manqué!
Ravie pour toi de ce retour aux sources.
Tu me donnes envie de faire un tour à Milan, pas forcément pour le design mais simplement pour flâner au soleil et me régaler des spécialités locales !