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En ce moment et comme souvent au moment des changements de saison, j’essaye de réorganiser mon intérieur et ma vie, je désencombre mon bureau et je prends des bonnes résolutions à base de délai de réponse réduit à mes mails ou de classement des papiers. Ce qui m’a amenée à (re)découvrir, dans un coin de la pièce qui me sert de bureau, la présence de 4 cartons datant de mon précédent déménagement il y a deux ans. Je sais parfaitement ce qu’il y a dedans, c’est même écrit dessus (a priori de la laine, une collection de pochons et boites d’allumettes, du matériel de couture, un plat à tajine et des guides de voyage). D’où ma question du jour, pourquoi? Pourquoi ces trucs n’ont-ils jamais été déballés, pourquoi ont-ils été déménagés, et comment ont-ils fini dans mon bureau où ils n’ont vraisemblablement rien à faire? Vous êtes prêt(e)s, on va parler déménagement sans ménagement!

déco miniamliste

Alors déjà, je suis loin d’être experte sur la question. J’ai déménagé deux fois enfant sans vraiment en garder de souvenirs, et lorsque je me suis installée à Milan je n’ai pas déménagé à proprement parler, puisque je suis arrivée avec une valise, sans objets ni meubles. Pendant longtemps le mobilier de l’appartement que je partageai dès lors avec Le Mec a d’ailleurs été un savant mélange d’étagères métalliques et de vieilleries trouvées dans la rue avec plus ou moins de bonheur*. Après quelques années, notre premier déménagement commun a tout de même nécessité l’aide d’un pote doté d’un Kangoo, notamment pour transporter notre collection de revues (25 ans de Domus entre autres) et de chaises (la grande passion du Mec que je ne partage qu’à un degré limité).

Notre premier vrai déménagement finalement, c’est quand on a décidé de rentrer en France. Effrayée par l’organisation et le coût d’un déménagement à l’international, ma première réaction avait été de me résoudre à une méthode radicale: on vend tout et on repart à zéro (Je suis comme ça moi, rien qu’à l’idée de remplir des papiers et de souscrire une assurance je fuis en courant). Mais le Mec ne voulait pas renoncer à ses beaux objets, notre ami Lucio nous avait légué de jolis vitraux et rien qu’en livres et en matériel de cuisine, j’avais moi-même je crois de quoi remplir un demi-cargo.

C’est ainsi que quelques semaines avant la fin de notre préavis, on a commencé à récupérer des cartons chez le caviste de la rue et à les remplir. De bouquins, d’assiettes, de bidules, de vêtements, de souvenirs et de moules à tarte. (En vrai, j’espérais encore à ce moment là qu’un revirement de situation soudain changerait la donne et nous pousserait à rester, donc pour être tout à fait honnête, je jouais à faire des cartons plus que je ne les faisais réellement).

design joe colombo

papier bulle déménagement

Tout de même, j’ai fais ça sérieusement, avec numérotation des boites, listes avec les numéros et les contenus correspondants, scotch fragile, papier-bulles et moult torchons pour emballer les trucs fragiles… Dans la réserve du supermarché, je suis devenu experte en choix des cartons (cartons de couches pour bébé ou de chips pour les trucs volumineux et légers, cartons de vin ou de conserves pour les trucs denses et lourds) et à la maison, on a bricolé des boites de transport aux formes diverses et variées pour les objets sans contenants…

Mais 1 mois avant le grand jour présumé, il nous manquait encore l’essentiel: un appart dans lequel s’installer à Lyon, un moyen de locomotion pour déménager et une date pour pouvoir organiser la dédite des contrats de gaz, de téléphone et d’électricité. (Pour ceux qui débarquent, je rappelle qu’on n’avait pas de voiture, que le Mec n’a pas le permis et que je n’avais à l’époque pas conduit depuis 10 ans (donc c’était no way de louer un camion pour faire 600 bornes)) Bref, on se demandait si on n’allait pas déménager en train (mais il aurait fallu un gros cubage vu que ça se mesure en containers, plus organiser le ferroutage pour aller de l’appart à la gare et vice versa) ou se lancer dans un déménagement groupé. C’est alors qu’à une fête de quartier, un ami nous a présenté par hasard un type, transporteur de son métier, qui partait à vide avec son 25m3 en direction de Paris quelques semaines après. En échangeant nos numéros, on se disait que c’était trop beau pour être vrai, mais finalement on a vraiment réussi à tout combiner et c’est comme ça que ça s’est passé: quelques semaines plus tard, il a chargé nos meubles, nos plantes vertes et nos cartons, embarqué Le Mec à l’avant du camion et dans la foulée pris la route pour Lyon où je les attendais pour tout décharger.

Je me rappelle que dans le train pour Lyon (mon déménagement perso avec sac de trois tonnes et matelas en mousse roulé sur le dos), j’avais lu le livre de Marie Kondo, me promettant de faire de notre tout nouveau 32 m2 un havre d’ordre et de minimalisme. Résultat, c’était tellement petit qu’on n’a jamais réussi à ranger, on a vécu 2 ans dans des cartons et quand un ami ou parent venait nous rendre visite, il devait dormir par terre sous la table du salon (le sens de l’accueil, c’est primordial pour maintenir de bonnes relations ^^).

chaise rio emu

Il y a peu je suis tombée sur 4H12 (le super podcast des insomniaques) sur une interview de Gringe qui racontait que vivre dans ses cartons, c’était un peu refuser de grandir, de s’installer. Et bien pour nous, dans notre 30 m2 tout minus (je vous rappelle qu’on bossait tous les 2 à la maison et qu’on avait nos bureaux dans ce qui aurait du être le salon), ne pas ouvrir nos cartons, c’était un peu se convaincre que la situation était temporaire et qu’on allait rapidement trouver mieux, plus grand, plus adapté.

Au final, ça nous a pris 2 ans pour déménager à nouveau, et nous débarrasser, enfin, de nos montagnes de cartons. C’est peu dire qu’aller les entasser dans la benne en papier, une fois vidés, a été une sorte de victoire sur l’adversité et le linoléum imprimé. Mais du coup, et j’en reviens ici à la question qui au début de ce post me taraudait : que font encore ces 4 cartons dans mon bureau, derniers rescapés de cette période compliquée où toute activité nécessitait le déplacement de volumes cubiques dûment scotchés?

Les éliminer ne semble en soi pas si compliqué. Il me faudrait une heure ou deux pour trier leur contenu, attribuer une place aux choses dans l’appartement et, finalement, les aplatir avec un sentiment de victoire. Pourtant, voilà plusieurs jours que je les observe du coin de l’œil d’un air réprobateur, sans bien savoir ce qui me retient. J’essaye de me motiver, je pense à Georges Perec et à cette place démesurée que prennent les choses dans notre vie, au fait que rien ne reste, que rien ne nous est vraiment utile (a fortiori les trucs qui dorment dans des cartons depuis 2 ans).

moka italienne granito

joshua coleman glasses

Si je devais précipitamment quitter la maison, il y a peu de chances pour que je veuille emporter ce plat en terre cuite, ces vieilles pelotes de laine ou ces boites d’allumettes éculées. Je me souviens d’avoir lu récemment l’interview d’un minimaliste qui disait qu’en cas d’incendie, il n’emporterait que ses plantes, parce qu’elles sont vivantes. Vous me voyez en train de sauver mes boites d’allumettes?! Le seul souci avec cette logique, c’est que partant de là, je n’emporterais pas non plus mes romans de Gary ni mes bottines vernies, et alors autant vivre nue à même le sol en mangeant des fourmis (le sens de la mesure, toujours). Du coup, quel intérêt de faire une place aux objets que contiennent ces cartons? Pourquoi les garder eux, et pourquoi conserver tous les autres, ceux qui dorment déjà sur des étagères ou dans des placards? Pourquoi ne pas faire le vide carrément, et éliminer tout ce qui ne sert pas, prend la poussière ou s’est fait oublier avec le temps?

urban jungle appartement

Bref, vous voyez, il n’est pas seulement question de ranger ces quelques cartons, tout ceci fait partie d’une entreprise plus vaste et pour m’en occuper, il me faut non pas une heure, mais une semaine de congés! Ou peut-être qu’il faudrait déménager à nouveau, se donner une nouvelle chance de faire le tri, d’épurer, de s’alléger… Les gens qui viennent chez moi trouvent souvent que c’est vide, alors que de mon coté j’ai l’impression de crouler sous les objets, il y a là une dichotomie que je peine à m’expliquer. (En vrai, si je suis à la fois minimaliste et très bordélique, c’est parce que chercher les choses me rend folle, donc je me facilite la vie en n’ayant que peu d’endroits où perdre mon écharpe ou mes clefs)

Ceci étant dit, je n’ai pas encore trouvé la solution à tout ça, mais je vous tiens au courant sur le sort des fameux cartons et j’espère trouver le juste équilibre entre crouler sous les objets et manger des fourmis dans la foret tout éliminer!

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*Nous sommes de farouches anti Ikéa ^^