Sélectionner une page

Avec un peu de retard, je vous raconte ma balade de dimanche, une fois n’est pas coutume hors de Milan, dans la province de Bergamo (pas très loin non plus hein, même pas 50km, faut pas éxagérer pour une première sortie annuelle!)

Crespi d’Adda est un petit village à 40 km de Milan, inscrit depuis 1995 au patrimoine mondial de l’humanité de l’Unesco (comme la cuisine française, la baie du Mont St Michel et l’art du pain d’épices en Croatie du Nord) (si) (c’est marqué là). Un village ouvrier fondé fin 1800 par le propriétaire de l’usine meme, Cristoforo Benigno Crespi, un entrepreneur visionnaire et paternaliste (et pas mégalo du tout) qui a voulu réunir tous les ouvriers de son usine de textile dans quelques rues bien rectilignes autour de sa propre demeure, une sorte de chateau médiéval de la tour duquel on voit, en ouvrant la fenetre, l’autel de l’église surélevée à cet effet… (pas mégalo disais-je)

Une sorte de village Playmobil où tout le monde a sa maison (maisons mitoyennes pour les simples manutentionnaires, villas ouvragés pour les cadres et ingénieurs), sa barrière et sa boite au lettres, se retrouve sur la place, au lavoir, à l’église, à la piscine ou au panificio, avant de finir un jour au cimetière, terminus de la rue principale et seule autre issue du village… Devant tant d’ordre et de mesure, on comprend pourquoi les jeunes des environs y viennent aujourd’hui les soirs brumeux pour se ficher la trouille, roder autour de l’usine désaffectée ou suivre les longues allées symétriques, et pourquoi Dario Argento a choisi cet endroit comme décor pour certaines scènes de films… (d’ailleurs, la moindre recherche internet sur Crespi d’Adda mène à d’étranges forums d’amateurs de frousses nocturnes)

Il est même étonnant de voir que, malgré la fermeture de l’usine en 2003, le village soit encore habité car, ne serait-ce la présence de voitures anachroniques devant les maisonnettes, et quelques oies qui cacardent derrière un grillage (si, les oies cacardent, sachez-le), le tout donne bel et bien une impression d’abandon (et ce par une journée ensoleillée, je n’ose imaginer l’ambiance en novembre…)


Il parait en effet que les habitants ne peuvent vendre qu’à d’autres habitants du village, ou en famille, ce qui ne favorise pas, il me semble, un renouvellement significatif de l’air citadin (même si, je vous rassure, je n’ai croisé aucun nain ni cyclope). Et les seules modifications qu’ils puissent apporter à leur maison, c’est la couleur de la façade, vu qu’aucun document historique ne permet de déterminer avec certitude les teintes originales (du coup, certains ont craqué et libébé leurs instincts, y’a du orange vif et du rouge pimpon dans le lot!)

A visiter au soleil pour voir un bel exemple de village ouvrier parfaitement conservé, ou dans le brouillard pour tâtonner et frissonner!
Crespi d’Adda- www.villaggiocrespi.it