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J’achète rarement des livres drôles, et la perspective de rire n’est pas spécialement un argument qui me donne envie d’ouvrir un roman… (à part quand il s’agit de David Sedaris). Ceci dit, j’ai craqué l’autre jour pour un livre intitulé Come difendersi dai milanesi (comment se défendre des milanais) d’Elena Pigozzi…

Parce que je suis en ce moment comme qui dirait fachée avec les milanais, leur façon de travailler, d’affabuler et de manigancer notemment, je pensais trouver dans ce livre les prémices d’une explication, l’ébauche d’une solution… En réalité, ce livre est purement humoristique, et se veut plutot une sorte de guide dédié aux étrangers et aux italiens venant d’autres cieux, pour « survivre » aux automobilistes, au trop-plein de risotto et aux pigeons!

Mais la légéreté n’empêche pas le plaisir de la lecture et, si le livre n’est pas hilarant non plus, il épingle avec justesse quelques traits locaux, à commencer par l’idée fausse, bien que fort répandue ici, que Milan soit une ville d’avant garde, et quelque chose comme une capitale mondiale sur laquelle seraient rivés les yeux de tous, avides de nouveautés et de sens à la vie (je vous jure que beaucoup en sont convaincus.)

Il y a aussi les tics milanais (dont je suis ravie de constater qu’elles agacent aussi les autres italiens), cette manie de toujours prendre le café al volo (au vol), de commander bruyamment, s’ébouillanter, payer et sortir dans la foulée… Cette absence de bancs en ville aussi (hormis piazza San Fedele et Piazza della Scala), qui rend difficile toute tentative de pauses (vu que dans les cafés, on ne s’arrète pas longtemps non plus!) (Heureusement, il y a l’apéro qui s’étire pour souffler en fin de journée…)

Cette phobie du temps libre, occupé à l’extrême par des activités en tout genre (et je suis déjà pas mal dans le genre qui cavale toute la journée), ces départs à peine s’annonce un week-end prolongé, ces heures de sport à peine sorti du boulot, ces enfants qu’on occupe à outrance, de peur de l’ennui…

Cette manie qu’ont les milanaises aussi d’être toujours perchées (comme dirait ma copine S., on voit qu’à Milan il n’y a pas de problèmes de sécurité, elles n’ont jamais besoin de courir ou quoi?) et cet air de toiser le monde un verre de Campari à la main…

Un chapitre dédié aux indestructibles moustiques, un autre à la circonvallazione (le périph’ local), aux scooter, au dieu panettone, à la neige, au monde de la mode… et aussi au foot, bien évidemment! Finalement, plus qu’à se défendre, ce livre nous aide à comprendre quelques traits culturels locaux, histoire de ne pas se facher intempestivement pour rien (ce qui, à y bien réfléchir, est aussi une manière de se préserver)

On y apprend un peu de dialecte milanais aussi, j’aime, bien que n’ayant jamais accompli mon voeu de l’apprendre vraiment (paresse quand tu nous tiens…). Ca sonne bizarrement, avec beaucoup de consonnes, bien plus qu’en italien, et des accents partout (et même des accents circonflexes!)… Prenez les chiffres par exemple: vùun, dò, trii, quàtter, cinch, sés, sétt, vott, noêv, dés…

Je vous laisse, je vais bosser un peu tout ça, pour pouvoir aller papoter du bon vieux temps avec les quelques vieillards du cru encore à même de me comprendre…