Dimanche dernier, c’était la 10e journée européenne des musées à ciel ouvert… J’en ai profité pour faire un tour au cimitero monumentale de Milan où je n’avais jamais mis les pieds, et où pour l’occasion des lectures poétiques et concerts étaient organisés. Jouer les touristes dans les cimetières, une drôle d’idée? J’avoue que ça ne m’a jamais rebuté, ayant bénéficié longtemps du voisinage silencieux de l’un d’entre eux, dont les allées constituaient parfois un bienvenu raccourci (sans pour autant etre animée d’un quelconque engouement morbide, le lieu étant pour moi relativement dépourvu de mysticisme). Bref, le cimetière monumentale de Milan, parlons-en! On ne m’en avait pas dit que du bien (des amies ayant même fui à la vue des tombes dans la brume d’un jour d’hiver) et pourtant, le lieu est loin d’être dérisoire ou quelconque! Je me rappelle qu’un jour, j’avais sidéré des touristes dans un bus en répondant à leur « c’est quoi ce joli chateau? » : « le cimetière de la ville ».
Et c’est vrai que, à première vue, l’endroit est loin d’être glauque, sorte de petit palais encadré de jardins bien entretenus où les nombreux feuillus apportent une ombre bienfaitrice au visiteur venu admirer les sculptures et architectures… Nul part ailleurs on ne ressent autant qu’ici cette volonté de paraitre des italiens, la rivalité séculaire qui sévit entre certaines familles (Roméo et Juliette, c’est pas pour rien que ça se passe ici) et les pousse à vouloir, jusque dans la tombe, épater, surpasser, et imposer leur nom comme leur pouvoir financier. D’où les chapelles saugrenues, temples, répliques du Duomo et même hautes pyramides qui surgissent entre les cyprès, d’où les oeuvres d’artistes qui surgissent au dessus de chaque pierre et au détour des allées. Dans ce délire architectural, on rencontre la volonté d’innovation futuriste comme le symbolisme du plus mauvais goût (cette main tenant une faux qui surgit de la pierre…), et les christs shématisés cotoient les visages de femmes éplorées au réalisme le plus ciselé.
Les cimetières italiens ayant cette particularité d’être plus souvent verticaux, une grande partie des tombes se trouve dans des galeries couvertes, où les noms et hommages s’alignent du sol au plafond. Ici encore, si de nombreux humbles ont trouvé le repos, on remarque surtout les voutes peintes ou ornées de mosaiques, les statues démesurées et les incrustations dorées. Plus loin, des plaques rendent hommage aux illustres résidents, où l’on retrouve nombre de ceux qui ont donné leur nom aux rues de la ville, à la barbe de ces marbres où un autocollant orange signale la fin des concessions, et où quelque billet habillement glissé vient parfois ajouter sa proposition: ici les places convoitées font l’objet d’un véritable « trafic », et c’est à qui revendra au meilleur prix sa place, souvent réservée depuis longtemps au coté des siens par quelque aieul prévoyant.
Finalement, c’est souvent dans le plus anodin que se cache l’essentiel; cette simple visite dominicale un peu cliché révèle beaucoup des us milanais et mériterait d’être plus poussée! A faire dès mon retour à Milan, d’autant que je n’ai pas trouvé où repose Buzzati, et je suis curieuse de voir si celui que j’imagine si humble a lui aussi cédé à la tentation de l’ornement funéraire ostentatoire!
Cimitero Monumentale (zona Sempione)- Milano
il ya aussi un très beau cimetière rempli de sculptures émouvantes, étonnantes et de cyprès en sardaigne dans la ville dIglesias
moi j’aime bien les beaux cimetières … Loyasse à Lyon, Père Lachaise à Paris … et visite prévue de Highgate en juillet 😉 merci donc pour cette jolie visite !
J’aime beaucoup jouer les touristes au Père Lachaise… Les « grands » cimetières ont cette particularité qu’il nous font passer de rire à l’émotion pure d’une stèle à l’autre… J’adore.