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Quand j’habitais en France, je ne savais pas cuisiner grand chose, mais le truc qui impressionnait tout le monde à l’époque, c’était le tiramisù… Ca semblait alors exotique, inconnu, une version un peu folle de la charlotte pour laquelle il fallait à grand peine dénicher un peu de mascarpone, ce drôle de fromage italien dont on ne savait d’ailleurs pas quoi faire hormis le tiramisù. Les temps ont changé, et puis je me suis installée en Italie (enfin, quand je dis installée, ça ne s’est en fait pas fait de façon si organisée que ça hein, disons plutôt que j’ai débarqué…) et je n’ai plus fait de tiramisù, devenu banal (quoi? encore un tiramisù? quel ennui…) et même voué à toutes les variantes (un tiramisù, oui, mais au beurre de cacahuète et speculoos!), dans un effort désespéré pour lui redonner un peu d’attrait…

Et bien sachez que moi, ce snobisme tiramisù-esque, ça me gonfle, même venant de moi. Ben non, le tiramisù, c’est pas original, pas olé olé, ni tendance ni bon pour la balance, mais crénom c’que c’est bon, et que ça mérite qu’on en fasse tous les dimanches (si).

Me revoilà donc remontée à bloc, cacao dans une main et moka dans l’autre (t’as vu comme j’ai des problèmes d’ordre métaphysique hein) (on dirait pas que la semaine dernière je priais pour ne pas avoir une maladie neurologique incurable hein) (et que je me promettais alors de jouir de chaque instant en cas de non-lieu, de faire de ma vie une ascèse bienheureuse et altruiste) (Ben quoi, c’est pas altruiste le tiramisù? Même si j’en laisse un peu aux voisins?)

Bon, comme je suis un tout petit peu snob quand même, je me suis dis, pourquoi ne pas faire toi-même tes biscuits cuillère? (ou savoiardi, comme on dit chez nous) Histoire de me la péter un peu au moment du dessert? Et puis, quand on y songe, faire des taches sur son pull en merinos, chambouler toute la cuisine en cherchant un tamis et en poussant des jurons, c’est pas aussi un peu profiter de la vie? (snob un jour, snob toujours)

Finalement, c’est ça aussi, s’enthousiasmer, se lasser pour mieux redécouvrir, s’émerveiller d’un biscuit juste vanillé et gonflé (alors que, disons-le, ça ne vaut tout de même pas un bon vieux brownie), s’époustoufler de tant de simplicité (et dire que les gens les achètent tout faits!!!) et se réjouir de ce qu’ils soient bien fermes et pas craquelés, alors que c’est pour les imbiber de café…

Sur ces bonnes pensées, je vous laisse avec la recette, et l’épatant Boris…

Ingrédients: 5 jaunes d’oeufs (environ 55g), 4 blancs (90g), 75g de sucre en poudre, 75g de farine et du sucre glace à gogo.

Préparation: Fouetter les jaunes avec 25g de sucre, et battre les blancs en neige avec les 50g restant. Incorporer aux jaunes la moitié de la farine puis la moitié des blancs, puis le reste de la farine, puis le reste des blancs, délicatement et à la spatule. Former vos biscuits avec une poche à douille en les espaçant bien, saupoudrer de sucre glace et enfourner pour 10 minutes à 180°C.