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Poursuivons notre visite de cette biennale du design avec d’autres expositions situées à la Cité du design, empathiCITY et les androides revent-ils de cochons electriques? respectivement dédiées aux problématiques urbaines et au rapport homme/animaux/mécanique (sans doute l’une de mes sections préférées!). Avec ces deux expositions, ce sont deux nouvelles manières encore d’envisager le concept d’empathie et d’évolution, et avouez, cette biennale aura eu l’indéniable mérite de nous faire réfléchir un peu sur la question!

empathic city mobilier urbain pliable

Vous l’ignoriez peut-être (et moi aussi), il existe un réseau UNESCO des villes créatives de design (dont Berlin, Buenos Aires, Nagoya, Montréal, Shangai etc… et St Etienne!). Ces villes ont participé au projet empathiCITY en présentant leurs meilleures idées en matière d’interraction entre créatifs et communauté, des projets visant à améliorer la gestion et la connectivité des ressources et espaces communs.

biennale saint etienne

saint etienne ville unesco design

Des initiatives qui permettent à la communauté de se réapproprier la ville, d’en devenir acteurs, qu’il s’agisse de réfléchir sur le thème du voisinage à Montréal, de créer une cartographie participative à Graz ou de matérialiser la mémoire collective à Séoul, toutes invitent à vivre l’espace, non seulement comme décor des personnes et des activités, mais comme vecteur de communication et de progrès. Trois idées en particulier ont retenu mon attention: le projet de mobilier urbain portatif imaginé par Parallel Lab à Beijing, qui permet d’explorer la ville en sortant des sentiers battus pour y découvrir de nouveaux points de vue, les installations de Laure Bertoni, Sébastien Philibert, Lola Diard et Juliana Gotilla qui réactivent les espaces urbains délaissés dans St Etienne pour en faire un parcours de jeu, et le projet Naruheso (Ko Yamada, Jin Murata) à Nagoya, qui utilise la refonte d’un journal comme transposition graphique du nouvel aménagement urbain, qui doit tenir compte des activités préexistantes et préserver le souvenir tout en recréant de nouveaux espaces, un vrai travail de composition graphique et humaine!

nagoya ville unesco design

Mais passons plutôt à nos amis les animaux (ça ne se voit peut-être pas, mais je résume tant que je peux pour ne pas vous barber!) (vous allez encore manger du design d’ici peu avec le Salon milanais, j’essaye donc de vous ménager! ^^). Le titre de l’expo, hommage au livre de Philip K. Dick sur les animaux-machines (pas encore lu, mais maintenant j’en ai très envie!), invite à une réflexion sur l’évolution du rapport entre technique, animal et humain. De substitution en interraction, les limites de genre deviennent floues, et la réalité n’est parfois plus si loin de la science fiction… Que reste-t-il de l’empathie dans cette relation aux machines, à l’autre et à soi?

biennale design saint etienne

Tandis que Schippers France conçoit des jouets-défouloirs pour porcs rendus agressifs par les conditions d’élevage industriel, le canadien Bill Burns met au point des équipements de sécurité pour petits animaux (loutres, castors…). Masques à gaz, gilets pare-balles et autres gants illustrent l’ambivalence du rapport humain aux animaux: à la fois destructeur et protecteur, l’homme ne peut que parer techniquement au danger qu’il est.

sagety gear for small animals biennale saint-etienne

James Auger et Jimmy Loizeau planchent quant à eux sur les technologies permettant de réhabiliter les mécanismes instinctifs perdus par les animaux habitués à la domesticité: ainsi ce dispositif de hérissage de poil, reflexe de défense souvent perdu par le chien, peut être déclenché par deux moyens: le contrôle de la fréquence cardiaque de l’animal, ou l’injonction téléguidée de son maître…

james auger jimmy loizeau

Et tandis que le designer Ernesto Oroza se passionne pour l’observation d’un bernard-l’hermite (d’ordinaire pilleur de coquilles vides) ayant trouvé refuge dans une douille d’ampoule comme modèle d’adaptation au monde moderne, Jean-Sébastien Poncet réhabilite le contrat de tolérance homme-animal en instrumentalisant même le moins bien vu des parasites urbains: le pigeon devient ainsi producteur de gouano de Paris, le chic-issime engrais des balcons fleuris…

les androides revent-ils de cochons mécaniques?

pigeon fertilisant

Sur cette note bucolique, je vous laisse retourner à vos activités, et vous souhaite une bonne journée!