Ce week-end je me trouvais à la Biennale de Saint-Etienne, manifestation d’envergure rassemblant cette année les designers, artistes et visiteurs autour du thème, interprétable à merci, de l’empathie. A défaut de tout vous raconter, je vous livre ici quelques instantanés, ce que j’ai aimé, retenu, et ce qui m’a donné à penser… Evidemment, vous y reconnaitrez le Panthéon cher à completementflou: des objets poétiques, du tricot, des pigeons et des projets un peu fous! (Je salue au passage tous les milanais qui y sont allés et qui ont du pleurer en voyant ce qu’une ville de bonne volonté peut faire pour donner espace et visibilité aux créatifs et aux bonnes idées)

Les expositions sont composées autour de thèmes généraux, et s’articulent comme des inventaires, mélant projets anciens et nouveaux, locaux ou étrangers, ponctuels ou d’envergure, mais dont l’empathie peut, sous un certain regard, constituer la mesure.

Design with heart présente une sélection d’objets contemporains choisis par le designer Sebastian Bergne sur la base de ses goûts personnels. Une façon ecléctique et pas forcément claire d’interroger les notions de goûts et d’attrait, et de faire réfléchir sur le design qui nous parle, nous touche et nous émeut. Du coup, chacun y trouve son compte dans la masse, sans forcément reconnaître le fil conducteur émotionnel qui a guidé les choix du selectionneur… Pour ma part, j’y ai aimé follement 3 objets: les paniers recyclés de Cordula Kerher qui mèlent matériaux naturels et corbeilles en plastique défoncées, la barque pliable d’Arno Mathies et Max Frommeld qui m’a rappelé ceci, et cette grosse lampe de Pierre Favresse, à la fois minimale et monumentale…

Demain c’est aujourd’hui rassemblait les projets dits prospectifs, visionnaires, qu’ils s’appuient sur des technologies nouvelles ou répondent à des besoins et problématiques du futur. Des projets d’étudiants, des recherches de bureau d’étude ou d’hypothétiques prototypes interrogent les possibilités futures en matière d’énergie, d’alimentation, de santé, de mobilité, d’éducation… Se nourrir d’algues, d’insectes, produire sa propre énergie, exploiter la soie des araignées, rouler léger, recycler… De fantaisie en utopie, on sent bien que sous certains projets sourd l’angoisse du déséquilibre créé par une consommation dégénerée, à laquelle la plupart des designers ne savent malheureusement répondre que par la création de nouveaux objets…

J’ai aimé les projets d’oreillettes personnalisables au crochet proposées par Ploenpit Nittaramorn pour le concours « Orange vous souffe à l’oreille », la possibilité de recréer chez soi l’effet de la lampe Mayday de Konstantin Grcic avec un vieux jerrican et une poignée réalisée à l’aide d’impression 3D, et la perspective de se passer de viande en recréant des fibres similaires in-vitro, dont la texture est modelable et peut même être tricotée, pour un steack torsadé ou un burger dentelé…

La section Singularité invitait à considérer les outils technologiques, non comme des suppléants extérieurs, mais comme des extensions de nos propres facultés, vecteurs d’empathie numérique dans nos rapports à l’autre. J’y suis tombée amoureuse d’un système permettant aux plantes vertes de lancer un tweet d’alerte en cas d’oubli d’arrosage (projet de Rob Faludi, Kate Hartman et Kati London), de la symbolique cascade d’archivage papier d’échanges sur twitter (Christopher Baker) ou l’impression de mémoires numériques via une application facebook (deutsche post DLH); j’ai repéré une ingénieuse imprimante 3D qui permet de réparer les objets cassés ou de redonner fonctionnalité à nos déchets (Samuel Nelson Bernier) et suis restée baba devant l’idée que quelqu’un (Neurowear) ait pu s’imaginer nécessaire la création d’un casque relié à nos ondes cérébrales qui nous permettrait, en cas de plaisante rencontre éventuelle, d’agiter les oreilles…

Comme sur tous les salons, au bout de trois expos visitées, on est repu et blasé, alors je vous laisse faire une pause et vous dis à plus tard pour la suite de la visite!

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