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Comme promis je poursuis mon compte-rendu de la Biennale, avec cette fois un focus sur l’exposition C’est pas mon genre dédiée aux rapports entre femmes et design. Au début, j’avoue, je n’étais pas fan du concept (cette idée que « femme » devienne une catégorie à part entière dans une discipline, et non une présence dans chacune, m’a toujours hérissé le poil) mais finalement, l’expo est suffisamment articulée pour couvrir un large champ d’action: les femmes sont tours à tour actrices, cibles ou instigatrices des projets présentées, et eux-même oscillent entre pièces uniques qui dénoncent, convoquent ou provoquent, et pièces industrielles qui font partie du panorama de consommation conventionnel. Les objets mis en scène mélangent les points de vue et les registres, et les différents degrés de sérieux brouillent les pistes, explicitant la non-prise de position de l’exposition.

biennale design saint etienne

C’est Rodolphe Dogniaux, l’un des comissaires d’expo, qui m’a expliqué le choix des projets présentés. Ainsi guidé, c’est sans heurt apparent que l’on passe d’un divertissant Barbie-foot (Chloé Ruchon) à un soutien gorge de dentelle pour amazone en rémission (Catherine Malhouitre), d’une collection de Sèvres reprenant la forme du sein de Marie-Antoinette (Antoine Boudin) à une « élégante » série de préservatifs pour fruits…

femmes et design

On en oublierait presque l’aspect polémique, quand surgit au détour d’une allée une collection d’aspirateurs, un homme primitif qui casse la vaisselle (Céline Renaudie), une bague-sifflet (Laure Cabanne) et un avorteur de poche du plus mauvais effet (Maxime Gianni)…

expo c'est pas mon genre

exposition c'est pas mon genre

biennale design 2013

« Madame est servie », « Sois belle et tais-toi », « Vide ton sac », « Vieille fille »… autant de catégories thématiques qui rythme les groupes d’objets à l’envi, mais que tout un chacun pourrait défaire et refaire à sa guise, selon qu’il est choqué ou émoustillé par les équipements de boxe pour femmes (Métal boxe), la gamme de stylos Bic « féminins » ou cette femme qui lit au type à la plonge un extrait d’un manifeste féministe (Justine Demas); selon qu’il rit devant le miroir aux vanités des coquettes ou s’émeut devant la veilleuse façon mamie de Florence Dorléac…

femmes sport design boxe

vaisselle et féminisme

Chacun de ces projets met en scène un univers dans lequel la place de la femme diffère, de battue à battante, de coquette à coquine, de femme caricaturée à femme qui design…

sois belle et tais toi!

expo c'est pas mon genre biennale saint etienne

On en vient presque à regretter cette volontaire neutralité… Volonté d’éviter les polémiques, d’élargir son champ de pensée, de renoncer à s’expliquer? L’expo aurait gagné en force, sans forcément s’engager dans un discours, en développant une plus grande linéarité. Quand on choisit un thème susceptible de diviser, il est sans doute illusoire de ne pas s’engager, au risque de ne faire que lister, réunir, survoler le sujet…