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Je veux rentrer chez moiiiiiiiii! Je ne plaisante qu’à moitié, même si la ville de Lyon est très jolie et promet pas mal de belles virées à vélo et de joyeux divertissements… Ce nouveau départ est un peu plus difficile à gober que prévu, et si je n’ai pas continué à écrire sur ce blog pour m’épancher sur mon mal du pays, j’ai quand même envie aujourd’hui de vous confier mes premières impressions d’ici…

street art Lyon

Ça me fait tout drôle que les gens soient si grands (au boulot à Milan, je dépassais généralement tous mes clients et m’interdisait généralement les talons pour ne pas heurter la sensibilité des machos), j’ai du mal à me faire au métro qui arrive par la droite et aux quasi-inconnus qui te font la bise de but en blanc (à Milan on se serait la main, ça m’avait fait drôle aussi au début), j’aime bien les gens super bien élevés dans les transports en commun (on laisse passer en premier celui qui descend) (et je crains même de n’avoir jouer les gougeâts par habitude la première fois), je suis fan du Rhône, sorte de Naviglio géant, des pistes cyclables partout et du relief de la ville (des collines pour se faire les mollets et tout plein d’escaliers). J’aime bien les zèbres du parc de la tête d’or et les gens qui font de la trottinette partout, les pique-niques en bord de Saône et le fait de pourvoir entrer dans n’importe quelle librairie pour acheter des livres en français.

vue de Lyon

carreaux de cimentEn revanche je n’aime pas du tout les restos et la bouffe d’ici (y’a pas de légumes dans ce pays?), qu’on nous appelle messieurs-dame et les 3 milliards de feux rouges qui te font perdre un temps fou pour traverser la ville (il faut dire que je suis habituée aux croisements avec priorité aléatoire et absence de marquage au sol, soit une traversée milanaise en freestyle possible en cas de retard)… J’ai du mal aussi avec le prélèvement automatique: les italiens ont un souci avec le concept d’engagement, et moi aussi, et ici j’ai un peu l’impression de devoir sortir un RIB dès que je sors de la maison… Et je suis particulièrement fière d’avoir survécu à mon rendez-vous chez l’assureur (10 ans que je suis sans assurance d’aucune sorte, et ça m’allait plutôt bien de vivre dans l’inconscience des risques de la vie) (sérieux, comment fait cette dame pour dire avec le sourire: « comment feriez-vous pour survivre si vous étiez subitement dans l’incapacité de travailler? » ou encore « en cas de maladie ou de décès dans le cadre de votre activité, vous seriez rapatrié »)

confluence Lyon sucrière

vieux lyon saint paul

A part ces quelques incongruités que j’avais oubliées, je vis plutôt bien le retour, la preuve, dès la première semaine je me suis inscrite au centre culturel italien, ai emprunté des bouquins d’Alberto Moravia, un film de Fellini et un autre de Moretti, pris des places pour le concert de Vinicio Capossela aux nuits de Fourvière, dégotté une épicerie sarde et un ostéopathe italien, mais sinon je gère, la nostalgie n’a (presque) pas envahi mon quotidien!

Je me demande si je vais être longtemps comme ça, à sentir ce manque, si ça va passer ou si je vais me retrouver comme les grands-parents du Mec, à fantasmer toute ma vie une Italie disparue… Il y a longtemps dans une émission télé de haut vol, j’avais vu un reportage sur un type passionné par les Etats-Unis; il portait des santiags, faisait du roller le matin le long de la plage de Pétaouchnock comme s’il était en Floride, emmenait sa femme danser la country tous les week-end et se décrivait comme un « américain prisonnier en France », bien que n’ayant, je le précise, jamais mis les pieds outre Atlantique. Je me demande si je ne vais pas finir comme ça, en cliché italien, à boire des San Pellegrino en terrasse en feuilletant la Gazzetta, à renvoyer au bar avec dédain tout spritz moyennement dosé…

les quais Rhone Lyon

notre dame fourvière LyonAu concert de Vinicio, j’étais comme une gosse dans un public majoritairement italien, je les écoutais parler de bouffe, faire des blagues (sexistes, évidemment) et s’interpeller d’un bout à l’autre de l’amphithéâtre romain, ils étaient merveilleux, venus avec des pique-niques pour 15, rouleau d’essuie-tout et coussins fleuris du canapé compris, une vraie représentation avant le spectacle proprement dit, je les aurais embrassés tous, et quand à la fin de L’uomo vivo Vinicio a lancé des confetti en forme de cœurs sur la foule, j’avais vraiment l’impression qu’ils étaient tous venus rien que pour me faire prendre un billet de train illico presto…

ville de LyonPs: Non mais regardez les photos: si ça ne tient évidement pas la comparaison avec Milan, c’est quand même pas mal Lyon!