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En ce moment, je lis Albertine disparue de Proust… qui je l’avoue se lit un peu mieux que les précédents… peut-être parce que, après 5 autres volumes, je me suis habituée au style de l’auteur… ou parce que lui-même en a fini de ressasser toujours les memes choses? Je ne saurais dire si je prends vraiment plaisir à le lire… ce n’est pas dénué d’intéret, mais j’avoue éprouver un cruel manque de sympathie envers le personnage qui, à trop s’analyser, me fait l’effet ma foi d’un type bien mou…

Retour sur les épisodes précédents, pour ceux qui souhaite s’épargner la lecture du roman le plus long du guiness book

Du coté de chez Swann: où comment parler de lits, de chambres et de sommeil en 400 pages… l’épreuve du coucher enfantin, l’insomnie, le réveil, le tout disséqué avec une précision d’horloger et un brio soporifique… C’est là qu’apparaît la fameuse madeleine, les buissons d’aubépine et les clochers qui ne cesseront d’émailler le récit de leurs réminiscences… C’est là qu’on parle pour la première fois d’un éventuel voyage en Italie, dont le narrateur rêve mais auquel il ne se résoud pas, invoquant à chaque tome une excuse diverse… On découvre le salon des Verdurin, où l’on s’épie et cancane à loisirs… On y apprend tout de la relation entre Swann (le fameux du titre) et une pimbêche un rien vulgaire qui à force de marivaudages et de manigances parviendra à se faire épouser (ouh la vilaine) …les filles ne sont pas à la fête chez Proust… tour à tour débauchées et profiteuses, hautaines ou vulgaires, aucune ne semble digne de respect…

A l’ombre des jeunes filles en fleurs (dédicace à Dave): On retrouve la fameuse cocotte, Odette, à Paris, où elle tient à présent salon… Le narrateur rencontre une certaine Gilberte au parc, en tombe amoureux, puis hésite, puis tergiverse encore, et puis finalement l’oublie (constant le mec je vous dis). Il part alors pour Balbec, station balnéaire où sportifs et feignants passent le temps en promenades, visites et amourettes… Il rencontre alors un groupe de filles, tombe successivement amoureux de chacunes d’entre elles, hésite encore et finit par opter pour Albertine après moult questionnements déchirants et grandes décisions sans lendemains…

Le coté de Guermantes:  Un changement d’adresse amène notre ami à s’émouvoir pour sa nouvelle voisine, madame de Guermantes (ça faisait longtemps). Il se rapproche alors du milieu mondain parisien, l’occasion de descriptions interminables de festivités en tout genre, où l’on découvre l’importance de bien corner ses cartes, de choisir ses robes et de ne faire de confidences à quiconque… Et comme ce tome était plutot sympa avec la gente féminine et qu’il y manquait une perverse vénale, on y fait la rencontre de l’amie du confident Saint-Loup, ancienne prostituée qui, elle aussi, ne songe qu’à se faire épouser… (cette profiteuse)

Sodome et Gomorrhe: On touche ici l’un des sans doute grands fantasmes de l’auteur, qui après avoir découvert l’homosexualité de 2 individus de sa connaissance, va s’imaginer des invertis partout, à grand renfort de soupçons insensés et de suppositions effarantes… Il soupçonne ce qu’il appelle le vice chez toutes les jeunes filles qu’il rencontre, et s’imagine des relations intimes dès qu’il surprend un serrement de bras… Quant à la fameuse Albertine évoquée plus haut, la voici à nouveau au premier plan, évinçant la voisine tant convoitée qui n’est alors plus qu’un vague souvenir… Mais là aussi, il hésite… aimera, quittera? il finit par opter pour la première solution, mais pour garder son statut de victime qu’il aime tant, il s’imaginera que ce n’est que pour la détourner aussi d’une attirance pour les femmes… en gros il se sacrifie pour le salut de son âme féminine si légère…

La prisonnière:  La prisonnière, c’est d’Albertine qu’il s’agit… Surveillée, suivie par divers chaperons et mouchards, pas un de ses gestes qui ne soit relaté à son « sauveur »… S’ensuit une sorte d’enfermement des 2 amants, elle dans sa « prison », lui dans sa paranoia, persuadé qu’Albertine tente de rencontrer en cachette quelque pêcheresse tentatrice, et qu’elle ne reste avec lui que pour son argent… A nouveau, petit jeu de aimera/quittera? Mais lorsque le narrateur opte enfin pour la deuxième solution, la belle s’est déjà enfuie sans attendre son autorisation…

Albertine disparue: Ne supportant pas que son bien lui échappe, le héros (fort peu héroique au demeurant) tente diverses manigances pour qu’Albertine revienne… Mais quand Albertine se laisse convaincre, une chute de cheval la tue, laissant notre homme éploré… il se lance alors dans de grandes enquêtes (par procuration bien sûr, lui ne bouge pas) sur le passé d’Albertine et, à trop enquiquiner tout le monde, les gens finissent tous par lui dire ce qu’il brûle d’entendre, c’est à dire que oui, Albertine était une infâme perverse qui débauchait les jeunes filles… avec une telle conviction cependant qu’il commence à douter de la véracité de ces propos… et puis, quand il s’est bien dégoutté d’elle et de son souvenir, qu’il part (enfin) pour Venise (avec sa mère, pas avec une autre fille pour autant, allez savoir pourquoi…), une lettre lui apprend que BAM, en fait, Albertine n’est pas morte… (et dans son grand courage, il feint de ne l’avoir pas reçue…)…pour s’apercevoir lors de son retour qu’en fait, non, la lettre n’était pas d’Albertine… (quand je vous dis qu’il a du mal…)

J’en suis donc là… Encore quelques pages donc de pensées profondes sur les gateaux qui se dissolvent dans le thé et les prétendus homosexuels en goguette… Avant que ne se profile à l’horizon le tome n°7: Le temps retrouvé, dont j’attends beaucoup… un réveil, une décision, de l’action enfin peut-être!? Je crains cependant que la « réponse » ne soit plus esthétique que tangible… Quand on sait que l’auteur vivait calfeutré dans une chambre tapissée de liège, on comprend mieux sans doute cette esthétique de l’inaction, cette théorie contemplative de la vie…

(ceci dit, la présence alternée des termes « chapeau haut de forme » et « chapeau haute forme » dans le livre m’ayant poussé à chercher la véritable orthographe du mot (la 1ère donc), cette lecture n’aura pas été dénuée d’intèrêt…)

(ayant acheté les différents volumes au fur et à mesure que j’avançais dans ma lecture, je suis à présent perplexe… le tome 7 est introuvable en librairie…) (personne ne serait donc allé jusque là?!)

J’avoue ne pas trop savoir que penser de ce(s) livres… je l’ai lu un peu par défi, lasse d’entendre les gens prétendre l’avoir lu et n’être pas capable de parler d’autre chose que de la fameuse madeleine (passage qu’on a tous étudié en classe, hin hin), lasse d’entendre crier au chef d’oeuvre sans plus de précisions… le 7e tome a intérêt à être grandiose pour relever les autres… (ok c’est bien écrit, mais chaque tome comprend au moins 250 pages de trop…) (en tout cas, je sais déjà quoi faire du lot une fois lu, en faire don à des insomniaques…)

Et pour finir sur une note rigolote, une petite anecdote (que je vous ai sans doute déjà racontée, mais comme je l’adore et que j’ai peur de l’oublier, je me permets de vous la coller à nouveau). Quand le Mec est arrivé en Italie, il a tenté d’expliquer à ses nouveaux collègues d’où il venait en France en évoquant la madeleine de Commercy, mais si, vous savez, la madeleine, comme dans Proust! Réponse du collègue en question: Alain Proust?