Je me plaignais l’autre jour de ne pas lire assez, je crois que me voilà exaucée, sans doute en raison de la série heureuse que je viens d’achever! Encore une fois, un peu de tout, du récit d’apprentissage loufoque, un roman sarde à l’aura magique, des aventures culinaires à la Nouvelle Orléans et un épatant roman italien sur fond de siderurgie et de baisers volés…
On commence avec un livre reçu à Noël (merci la denrée!), Tante Mame de Patrick Dennis, qui relate le parcours d’un jeune garçon confié à sa loufoque tante à la mort de son père. Un roman d’apprentissage divertissant où l’on ne sait qui est l’adulte, et qui fait l’enfant… De théatres en histoires d’amour rocambolesque, de business clopinants en déguisements, la fameuse tante nous étourdit, nous agace et nous ravit. Ecrit en 1955, ce livre nous fait aussi réaliser à quel point celle qui choquait divinement à l’époque ressemble aux femmes d’aujourd’hui…
On poursuit avec Accabadora de Michela Murgia, qui nous emmène en Sardaigne sur l’épaule de Maria, adoptée sur le tard par l’énigmatique Tzia. Un peu couturière et un peu sorcière, Tzia sonde les âmes, et parfois les accompagne vers le grand repos. Mais comment expliquer à une petite fille, dans cette Italie rurale de superstitions, de rivalités et d’ancestrales brouilles entre voisins, qui commence à peine à s’ouvrir à la science et l’alphabétisation, ce rôle criminel d’entremetteuse silencieuse?
On continue avec la révélation de ma semaine, D’acier de Silvia Avallone: un époustouflant tour d’horizon de la vie à Piombino, ville industrielle de Toscane sur fond de mer, où le récit de l’amitié de deux adolescentes sert de pretexte à une peinture de la société italienne contemporaine. De désirs de gloire en culte de l’apparence, de conditions de travail déplorables en soumission des femmes, rien ne semble échapper au regard acéré de l’auteur. Tout sonne vrai, de la peinture sociale aux émois des ados, du récit des combines en anecdotes sur l’acier, et quand on pense que l’auteur quand elle l’a écrit n’avait que 25 ans… c’est brillant! Le portrait sans détour d’un pays, d’une classe sociale et d’une période de la vie: « Un oeil expert aurait deviné qu’une telle beauté ne dure qu’un moment dans le temps d’une vie. Mais il n’y avait pas d’yeux experts, dans cette foule »
Et pour rétablir l’équilibre après toutes ces héroines féminines, il fallait au moins Soul Kitchen de Poppy Z. Brite et son équipe de cuisiniers tatoués et musclés! Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce livre est une réussite: réussir à allier recettes alcoolisées, crimes crapuleux, histoire d’amour, critique sociale et apologie de la pêche dans un seul et même roman, tout en nous faisant découvrir le monde des chefs et la Nouvelle-Orléans, c’est pour le moins un prodige culino-littéraire! C’est à la fois appêtissant, viril et palpitant, ça se dévore d’une traite et c’est à lire absolument!
Maintenant c’est à vous! Dites-moi ce que vous lisez! Et si vous souhaitez participer sur Completementflou, et parler ici d’un roman italien qui vous a particuliérement touché, envoyez-moi un mail et je me ferai un plaisir de publier votre avis!
J’ai lu Tante Mame récemment, si cela t’a plu il y a une suite (Autour du monde avec Tante Mame) que je compte m’offrir bientôt…
Il faut que je lise d’acier, j’ai vu le poche, je l’ai pris, reposé, repris, reposé… le P. Dennis est une merveille de bonheur ! Et Poppy Z Brite, il faudrait que je relise un truc d’elle tiens, ça fait bien longtemps…
Toujours un plaisir ces billets livres, merci Flou 🙂
Comme Dieu le veut, de Niccolo AMMANITI.
Un roman particulièrement rude, mais dépeignant très bien une certaine Italie, et surtout une très belle étude de la relation père-fils. Une bel exemple de réussite de la littérature italienne contemporaine!
@Aurore: je l’ai lu et adoré! pas très joyeux certes, mais remarquablement écrit!
Je viens de terminer D’ACIER que j’ai lu d’une traite. Impressionnant!
@VALLIN Aurore: énorme non? je l’ai lu très vite aussi! vivement les prochains romans de l’auteur, je vais la suivre attentivement!
Aaaaaaaaaah, ma petite Flou ! De nouveau, nous voici aux antipodes ! Je n’avais pas du tout aimé D’acier ! 😉
En revanche, étant immobilisée pour trois mois, j’ai bien envie de me lancer dans Tante Mame après avoir fini Le Mas Théotime que je suis entrain de savourer…
@La Papote: NAONNNN… pas possible! c’est pourtant tellement l’Italie des villes pourries, des apprenties starlettes et des gros machos! au delà de l’histoire d’amitié, c’est surtout ça qui m’a plu…
J’en avais fait un billet sur mon blog à l’époque. Je dirais l’an dernier à vue de nez…