Premier billet de la rentrée, pluie dehors et motivation proche du néant… Pour relever un moral tristoune, il ne faut pas moins que le souvenir d’une journée ensoleillée passée aux fourneaux avec Antonietta, ragots familiaux en prime et porte ouverte sur le jardin… Antonietta, je vous en ai déjà parlé, c’est la grand-mère italienne du Mec, arrivée il y a plus de 50 ans en France avec ses grands gestes et son patois des Pouilles, un mari tailleur de pierre et huit enfants à remplir trois fois par jour de sauce tomate, pizza maison, orecchiette et polpette…
C’est elle qui m’a appris à modeler les orecchiette à la main, m’abreuvant de conseils sur le choix du bon couteau et réduisant en purée, d’un seul geste de ses imposantes mains, mes premières créations selon elle pas dignes de sa table… C’est elle aussi qui m’a enseigné mes premiers rudiments de panzerotti, hachant la mozzarella sans jamais cesser de parler, de râler en approximatif français mâtiné de napolitain au sujet des enfants, des chats qui rodent autout de ses fayots dehors et de l’ancienne voisine du dessus qui, masquant la lumière en étendant son linge, avait vu ses draps découpés aux ciseaux d’une poétique fenêtre…
Antonietta, c’est l’Italie incarnée, la chaleur et la rudesse du sud, le joyeux franc parler et subitement une larme à l’évocation des premiers temps dans les carrières de l’est de la France ou devant une photo encadrée de son mari en tenue de marin, joyeux Romeo enterré il y a quelques années dans les Pouilles, puisque la seule terre qui vaille, pour faire pousser les tomates et les oliviers comme pour y reposer, c’est celle de l’Italie…
Ma façon à moi de rendre hommage à cette nonna haute en couleur, capable de faire 2 jours de bus pour s’en aller quérir de la semoule de blé fine comme il faut, jamais lasse d’apprendre, et qui s’en est revenue cette fois de voyage avec une robe zébrée et le secret de la granita sicilienne au citron, c’est d’adopter les recettes qui ont nourri chez ses enfants l’amour d’une terre qu’ils n’ont pas ou peu connu, d’une vie à l’italienne devenue mythe, parfois loin de la réalité de notre quotidien ici dont personne, d’un accord tacite, ne souffle jamais mot, de peur de voir s’effondrer la légende…
Pour 4 pizze pugliese
1kg de farine T65, 3pommes de terre moyennes, 1càs de sel, 1/2 litre d’eau tiède, 40g de levure fraiche de boulanger, origan, huile d’olive, 1oignon, sauce tomate, 2 mozzarelle, un peu de parmesan
Dans un grand saladier, former un puit avec la farine. Y verser la levure diluée dans 300ml d’eau, 1càs d’huile d’olive, les pommes de terre cuites et réduites en purée et le sel. Mélanger et ajouter peu à peu de l’eau jusqu’à obtenir la consistance juste: une pâte souple et élastique, un peu molle et légérement granuleuse. Pétrir énérgiquement pendant une dizaine de minutes, puis laisser reposer à couvert pendant une heure.
Pendant ce temps, préparer la sauce tomate: faire rissoler l’oignon émincé dans 2 cuillères à soupe d’huile. Y verser la sauce tomate avec un peu d’origan et de sel et faire réduire jusqu’à l’obtention d’une compote lisse.
Diviser la pâte en quatre portions égales. Huiler généreusement 4 plats à pizza (ou à tarte) ronds, y étaler la pâte à la main, parsemer d’huile et d’origan et laisser lever à nouveau le temps de préchauffer le four à 200°C.
Répartir alors la sauce tomate sur les disques de pâte, couvrir de mozzarella déchirée à la main et d’un peu de parmesan rapé, parsemer à nouveau d’origan puis parcourir d’un filet d’huile d’olive et enfourner pour 15-20 minutes (la mozzarella doit être complétement fondue, et le dessous de la pizza légérement « frit »). Tailler en larges parts aux ciseaux et déguster aussitôt!
Evidemment, on peut agrémenter le tout de basilic, oignons, olives, poivrons grillés, anchois etc, à vous de trouver la combinaison parfaite!
Nan mais vous avez vu comme on est super assorties, Antonietta et moi?!! (et je vous rassure, je ne suis pas une géante hein, c’est la nonna qui n’est pas bien grande!). Et vous, vous en avez, des recettes de famille? Qui sont plus qu’une sucession d’ingrédients, ou qui rappellent d’autres moments?
O_o
J’arrive !!!!!!!!!!!!!!!!!!!
Très beau billet! Tu as bien de la chance d’être dans les petits papiers d’une femme pareille… 🙂 Et merci pour les recettes qui apportent un petit goût d’Italie à l’air iodé de ma Bretagne…
Une fois de plus, je me suis régalée ! Merci !
Aaaaah finalmente^^!
Moi aussi j’ai une Zia Antonietta dans les Pouilles. Je reconnais bien là, la même pizza que fait ma belle-mère : pâte délicieuse et garniture simple.
@Fran_desbananes: effectivement, 10000 ans plus tard, voilà enfin la recette… 😀 (allez, du coup, je t’autorise à me réclamer une autre recette, j’essayerai de faire mieux question délai!)
mi piace, mi piace, mi piace! ma famille italienne vient du nord, alors le sud me paraît toujours infiniment plus exotique! Ma Nonna faisait des agnolotti (gros ravioli) et des lasagne à tomber mais à 86 ans, ça fait longtemps qu’elle a perdu le goût du fatt’in casa. Elle m’a donné sa machine à rouler la pâte mais j’avoue ne pas avoir le temps de m’y coller…
@Polly: une machine à rouler la pate??! WTF? tu veux dire à étaler la pate? (ou il existerait un instrument de cuisine dont j’ignore l’existence?!!) Dans tous les cas, il faut s’en servir, de cette machine, allez hop, je te colle aux travaux forcés, et pour la bonne cause, bientot, le pasta concours completement flou revient!!! stay tuned baby!!! ;p
Superbe billet! (même si en piètre cuisinière que je suis je ne testerais sans doute jamais cette recette)(on fait ce qu’on peut, hein)
Mais tu as trouvé les mots justes pour décrire cette grand-mère!
@Violette: Rooo, c’est meme pas dur!! il suffit de patouiller un peu et ça lève tout seul! le plus dur dans l’histoire ça doit etre d’émincer l’oignon! 0-o
Quel joli billet, on sent là toute l’âme de la mamma italienne ! Et ces pizzas, mon Dieu que ça me donne faim (alors que je viens de manger, je précise hein…)
Bises !
Delphine