On ne peut guère parler de pioche miraculeuse avec cet instant culturel (hormis une bonne surprise que je vous ai laissé pour la fin!). Rien de vraiment mauvais, mais pas de romans bien enthousiasmants non plus… On croirait que mes lectures se mettent au diapason de la météo, du printemps qui tarde et des habits de mi-saison qu’on superpose pour faire face à l’hiver trainant… Je veux du neuf, du mouvement, des lectures qui font vibrer, réfléchir ou rêver! A bas l’hiver culturel!
Quand le Mec a reçu à Noel Le vieux qui ne voulait pas feter son anniversaire de Jonas Jonasson, j’étais presque jalouse. Titre prometteur, image et 4e de couverture promettant délires en tout genre, je trépignais d’impatience de ne pouvoir le lire en premier. Et finalement, quand je l’ai finalement lu, j’ai plutôt été déçue… Si la trame a son charme, on s’embourbe vite dans d’improbables anecdotes historiques, et on sourit avec condescendance aux descriptions plus que caricaturales des individus qui peuplent le récit. Quant au personnage principal, le fameux centenaire débonnaire, il n’a à aucun moment réussit à s’attirer ma sympathie… Ce n’est pas si désagréable pourtant, mais ça ferait plutôt un bon roman pour enfants…
Et puisqu’on parle de désillusion, évoquons Un garçon d’Italie de Philippe Besson. Alors que je me réjouissais d’une plongée romantique et mystérieuse dans la ville de Florence (« L’été finit à Florence, ville des princes et des énigmes« , « Je m’appelle Lucas et j’ai disparu« ), j’ai mis plus d’un an à venir à bout (en recommençant deux fois du début, preuve de ma bonne volonté!) de cette histoire à dormir debout. Des trois voix qui composent ce roman, le disparu, sa compagne, son amant, aucune ne m’a semblé attachante, et ni les visions de gare, ni la sorte d’enquête menée par une Anna esseulée, ne m’ont tirée de ma torpeur. Seule la scène finale (et en réalité initiale) pourrait trouver grâce à mes yeux, tourbillon d’impressions qui, en commençant, entraîne avec lui le reste du roman…
Je ne serai pas plus tendre avec Dieu voyage toujours incognito de Laurent Gounelle. Certes cette histoire d’homme qui, le jour où il s’apprète à se suicider, met son destin entre les mains d’un inconnu charismatique n’est pas sans intérêt. Sous des dehors psychologisant de bas étage (du niveau de fais toi confiance, et les autres te feront confiance), les scènes s’enchaînent et on se prend parfois à s’enthousisamer vraiment pour les rebondissements de l’histoire, ne serait-ce la qualité absolument artificielle de l’intégralité des dialogues du livre. Non pas qu’ils soient particulièrement mauvais, mais ils sonnent complétement faux. Pas un échange qui ne pourrait être entendu lors d’une vraie conversation, pas une réplique qui ne soit tellement apprétée qu’elle perd toute réalité… Truman Capote confiait dans la préface de Musique pour caméléons avoir passé des heures à écouter et retranscrire les dialogues entendus dans les transports, les cafés ou la rue, jusqu’à saisir ce degré de réalité nécessaire à une écriture de qualité. Laurent Gounelle pourrait, de mon humble avis, suivre ce bon conseil…
Et quand même, une bonne surprise, la BD Le gout du chlore de Bastien Vivès dégottée par hasard alors que j’étais en quête d’un album de Baru (on en reparle bientôt). Dans la librairie, je l’ai ouverte au hasard, ai entraperçu un nez hors de l’eau et une perspective de piscine comme on ne la voit que depuis le bord du bassin, hop, j’étais déjà conquise par le trait avant même de l’avoir achetée. Et puis un jour à midi, j’en ai commencé la lecture alors que l’eau des pâtes bouillonnait, et j’ai finit par les manger trop cuites, froides, un bon quart d’heure après. Ce n’est rien de dire que j’ai aimé, et pas seulement parce que j’aime bien nager. Cette histoire toute simple dénote, outre d’un talent indiscutable pour saisir les gestes, les silhouettes des nageurs, les positions dans l’eau ou sous la douche, d’une acuité réelle et d’un don pour transmettre les sensations: des premiers tatonnements dans les vestiaires du non-initié à l’impression de suffoquer avec celui qui tente une traversée en apnée, des coups reçus par les nageurs indélicats évoluant en sens inverse à la moiteur des cheveux à la sortie des lieux; on en viendrait presque à ressentir rien qu’en lisant la ventouse des lunettes autour des yeux, les joints du carrelage sous les pieds et sur le bout de nos doigts flippés et désormais indolores, le goût du chlore…
Je m’attaque dès aujourd’hui à d’autres lectures: Philippe Labro à Paris, un roman brésilien, un livre de Pessoa sur Lisbonne… de quoi voyager de mon lit et oublier un peu la pluie qui ici sévit!
« Le vieux qui ne voulait pas feter son anniversaire » de Jonas Jonasson, cela fait quelques mois que j’ai envie de le lire. La couverture, le titre, tout m’attirait. Mais il est vrai que lorsque j’ai ce genre de coup de coeur sur la couverture.
:/
J’avais beaucoup aimé Le goût du chlore, comme tout ce qui sort des mains de Bastien Vivès d’ailleurs; ce garçon en serait presque agaçant 😉
Ton avis sur Le vieux me fait peur… Nominé pour le prix du Club, il va falloir que je m’y colle, et cela ne me disait déjà rien qui vaille… alors là! Surtout que je ne suis pas du genre à recommencer deux fois un roman – non mais comment as-tu fait???
@Violette: tu verras il n’est pas si mauvais! juste pas tout à fait à la hauteur de toutes les critiques positives lues et entendues sur le sujet!
Pfff, ça devient lassant d’être d’accord ! 😉
@La Papote: hein t’as vu? ^^ t’inquiètes ça va vite revenir, on a les statistiques pour nous 😉
Je parle pour » Le vieux… » bien sûr !
« Polina » de Bastien Vivès est superbe également 🙂
@Marine: ça ne m’étonne pas, cet auteur a vraiment du talent! du coup je vais chercher ses autres publications! ps: il a un blog aussi: http://www.bastienvives.blogspot.it/