Les restaurants gastronomiques, ça n’a jamais vraiment été mon truc. Sans même parler de mes limites financières, je suis plutôt du genre bonne tambouille, ambiance familiale, plats goûtus servis à la louche dans des assiettes sans chichis. Aussi, quans Dawa m’a proposé d’aller déjeuner chez Joia, le restau étoilé du chef Pietro Leemann spécialisé en cuisine végétarienne et vaguement new age (pour vous donner une idée, y’a un autel à prières dans la cuisine et l’un des plats s’appelle « serendipity dans le jardin de mes rêves« ), j’étais à la fois vaguement sceptique et très curieuse.
Raisonnable, j’ai opté pour la formule économique du midi à 20 euro, qui permet de goûter à 5 plats en petites portions, avec eau et café compris. J’ai pas trop compris quand le serveur m’a répondu « volontiers » quand j’ai passé commande (alors que c’est moi qui m’apprétais volontiers à manger) et j’avoue avoir failli ricaner quand la serveuse en apportant mon plat (les différentes préparations sont apportées en même temps, chacune dans un coin d’une immmense assiette carrée) m’a précisé « commencez par le centre, puis dégustez dans le sens des aiguilles d’une montre, en gardant le dessert pour la fin » (parce que oui, l’espèce de quenelle avec son cube de gelée là, dans l’angle à droite, c’était le dessert).
Heureusement, non seulement les plats, vivement colorés, aiguisent l’appétit et m’ont vite fait oublier le décor pas franchement réjouissant (lumière artificielle et tamisée uniquement, sculpture monumentale sur la table -un truc feng shui?, et décorations d’assiettes au millimètre), mais en plus Dawa, qui connait la cuisine, me livrait les arcanes des préparations, et chaque plat dégusté a été l’occasion pour elle de me raconter une anecdote sur les cuisiniers, de sortir son précieux carnet avec la liste des ingrédients (ces pétales violets là, c’est du bleuet tu vois) ou de me préciser que le type qui fait cette mousse présentée dans un coffret en bambou plié était à la base charpentier.
Au final, l’essentiel, c’est que c’est bon. Et c’est justement dommage que tous les tralalas eclipsent ça. J’oublie vite mon assiette carrée (je vous ai déjà parlé de mon aversion pour les assiettes carrées n’est ce pas?) pour me concentrer sur les plats: un risotto aux légumes et au curry (délicieux), une sorte de galette vegan à la chicorée avec une sauce à la betterave et au vinaigre balsamique (le meilleur plat selon moi), une galette de carotte et panais au thym avec une sauce à tomber et un petit flan de ricotta avec des lamelles de chou trop bonnes (qui l’eut cru, j’aurais pu en manger une pellettée).
Le dessert quoique bon n’était selon moi pas à la hauteur des plats salés* (c’est souvent le cas dans les bons restos m’a-t-on dit): une quenelle au caramel super aérienne (chapeau pour la texture!), un cube de gelée à la poire avec des morceaux craquants dedans et une goutte de 2 gelées concentriques et fruitées à coté. Mais comme le café était exceptionnel, j’ai tout pardonné (nonobstant les petites montagnes de sucre présentées façon pyramides de Bizet qui l’accompagnait), piochant au passage dans le verrine de Dawa (qui elle, a opté pour un menu à la carte) une petite louche de chantilly à la cannelle sur lit de chocolat vegan agréablement parfumé.
En résumé, je suis bien contente d’avoir laissé mes préjugés au vestiaire (avec mon écharpe et mon manteau) pour découvrir cette cuisine super colorée (à chaque plat ses harmonies, à la fin mon assiette géante ressemblait à un grand tableau fauve), pleine de saveurs et soignée dans le détail (je vous ai dit que le pain était extraordinaire aussi?) Je pense que la variété des goûts et des textures peut combler même les carnivores qui jugent souvent la cuisine végétarienne plate et fade.
J’aime bien l’idée du restau gastronomique finalement, l’attention particulière qu’on prète à ce qu’on a dans l’assiette (quand on a l’habitude d’enfourner tout en papotant ou en checkant ses mails, on a parfois besoin d’un petit rappel) et, quelque chichis mis à part (et, l’assiette carrée, vraiment, vous y tenez?), j’ai trouvé que l’ambiance était chouette et pas trop guindée. J’aime bien que ça fasse comme un mini-spectacle à chaque fois que quelqu’un commande un plat, et qu’on doive lui expliquer comment le manger (il vaut mieux, sachant que certaines préparations sont servies sur des galets, il ne s’agirait pas de se tromper!)
*mais on s’en fous parce que, trois rues plus loin, il y a Pavè et son Saint-Honoré!!!
Joia – Via Panfilo Castaldi 18 – Milano
Expérience à tenter ! C’est origina, j’aime bien les portions, à part le dessert en effet: trop bizarre pour moi 🙂
Woha, Serendipity dans le jardin de mes rêves, ça se mange ça ? 😀
Oh M***e, je suis allée voir le susdit St Ho. Maintenant je vais y penser toute la journée…
@la pintade aixoise: ils se défendent bien pour des italiens! :-p