(chez un fabricant de filets à Manfredonia) j’aime bien les ports de pêche… bien plus que les ports de plaisance, meme si c’est plein de rouille et d’arretes, et que ça sent le varech et le poisson pourri… j’aime bien cette idée d’une pitance durement gagnée, dans une lutte avec les éléments sans cesse renouvellée… (ouais je sais je me fais une idée vachement romantique de la pêche et de la mer, meme qu’à un moment je voulais etre gardienne de phare, et que meme j’ai eu une carte de peche pour aller tater du gougeon dans le canal quand j’étais petite…)Les ports de plaisance sont beaucoup moins pittoresques, avec leurs coques immaculées, leurs ponts lustrés, leurs échelles de poche pour monter à bord (mais hissez-vous donc au hauban, pauvres lopettes! hum, c’est quoi un hauban déjà?…), et la légende italienne de « la ragazza col trolley » (« la jeune fille à la valise », qui aurait bien pu inspirer Schubert s’il avait connu notre époque… hum hum je m’égare…), jeune fille prète à partir, attendant que le riche proprietaire d’un yacht l’emmène au loin sur son bateau pour quelque croisière…
la matière première est achetée au mètre puis façonnée à la main et cousue…
Dans les Pouilles point de princes charmants navigateurs, mais des pécheurs, des vrais, qui crachent par terre en déchargeant les caisses de rougets… la pêche est restée une activité importante de la région, notemment autour des ports de Taranto, Manfredonia, Molfetta, Mola di Bari, Monopoli, Gallipoli et Castro. Le port de Manfredonia abrite à lui seul environ 500 embarcations de pêche, ramenant du large poulpes, rougets, merlus et pieuvres…
En faisant quelques recherches pour tenter d’en apprendre plus sur l’activité portuaire de la région, je tombe sur cette anecdote, dont personne ne m’a jamais parlé… la date récente exclut les fabulations légendaires…
Un dauphin nommé Filippo s’était installé dans le port de Manfredonia en 1998, et y demeura jusqu’à sa mort en 2004. L’animal se montrait amical envers les humains, mais ce choix inhabituel de s’éloigner de ses semblables pour vivre à proximité des humains devint l’objet de recherches scientifiques…
Mais entre cette histoire et celle de la baleine de Vérone, dont une côte trône suspendue sous l’arche d’une place… je ne sais que croire… mais après tout, on a bien déjà trouvé une baleine il y a quelques années dans la Tamise…
Après d’autres recherches, je découvre que Filippo avait meme un site internet dédié, sur lequel tout un chacun pouvait rapporter anecdotes, photos et commentaires ayant trait à l’animal… comme Davide, 14 ans, qui dit avoir été sauvé de la noyade par Filippo, où ceux qui affirment que la mort du dauphin ne fut pas accidentelle mais le fait des pécheurs jaloux de ce prédateur concurrent… (moins glamour et viril sur ce coup là, le pêcheur qui s’en prend au dauphin…)
il faut croire que les habitants de la région ont déjà oublié cette histoire, parce qu’aux dauphins on n’invente pas des grottes de pélerinage attirant croyants et touristes… et que ce trésor régional s’est avérré ma foi fort peu rentable… quoique, maintenant que j’y pense, c’est sans doute pour cela que sont peints un peu partout des dauphins le long de la plage (je trouvais ça juste horrible, maintenant je trouve ça horrible mais symboliquement fort!)