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Quand j’étais petite, un jour avec mon papa on a trouvé une chauve-souris mal en point dans la pièce derrière la maison où on rangeait les outils du jardin… Il l’avait ramassé avec son gant de jardinage et voulait la déposer en hauteur, à l’abri des convoitises félines… Mais la bête s’accrochant à son gant, il avait fallu sacrifier celui-ci en le fixant au mur d’un long clou, afin de laisser la petite bête se reprendre. Quelques heures plus tard, à la tombée de la nuit, elle s’était envolée…

Il faut savoir que dans la famille on est un peu Brigitte Bardot style (les seins en moins!), qu’on n’écrase même pas les araignées et que, enfant, j’ai pour un temps géré un élevage clandestin de doriphores dans une boite à chaussures…

Même si depuis quelques années je vis un peu (euphémisme caractérisé) moins près de la nature, il m’est resté de ces années à lire Copains des bois un amour immodéré des cabanes, des pique-niques et des animaux sauvages… D’où sans doute mon enthousiasme tout milanais pour les pigeons des places, les canards de la Darsena et les chauves-souris qui tourbillonent dans les cours d’immeubles les soirs d’orage, et se cachent le reste du temps dieu sait où…

Forcément, le projet poétique de James Ennis repéré sur le Fuorisalone à la Cascina Cuccagna ne pouvait que me plaire. L’idée? Equiper la ville en cabanes à chauves-souris, une espèce en voie de disparition qui devrait faire l’objet de mesures adéquates, d’autant plus à Milan où elle représente une réponse d’une efficacité redoutable au principal fléau estival, les moustiques! Les chauves-souris (pipistrelli) en mangent en effet chacun un millier par nuit, plus que vous n’en attraperez jamais en pyjama, debout sur votre lit, journal en main, ruinant l’état de la peinture murale et votre sex-appeal…

L’ingénieux concept se double d’une poétique toute romantique: le designer a imaginé un mini-chateau pour accueillir ses protégées, réminissence de quelque roman gothique où l’on tournoie et grince à loisirs (si, la chauve-souris grince, j’ai vérifié) au dessus de la cour et aux fenêtres des tours crénelées… A moins que ce ne soit l’influence bd-cinématographique des tours sombres de Gotham city?

Quoiqu’il en soit (décidément, plus ça va et plus mon discours se dilue… l’âge sans doute!), le Bat Castle n’attend plus que nos superhéros des villes, qui pourront choisir entre 3 finitions, terre-cuite, bois recyclé ou céramique noire… (ben quoi? Batman n’a jamais toulé en Fiat Panda que je sache…).

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