Milan, c’est la ville des banques, des gens pressés, des tramways joliment déglingués et de l’accent dialectal à l’accent pointu en « u »… Mais c’est aussi une ville de déracinés, qu’ils viennent du sud, d’Europe ou plus loin encore, et qui tentent de retrouver des coins de leur pays dans un plat typique, un pas de danse ou quelques accords de musique… C’est ainsi qu’au cercle bellezza se retrouvent réguliérement de nombreux fervents pour danser la pizzica, danse traditionnelle méridionale, au son du violon, de la mandoline et de l’accordéon…
La porte passée, on se croirait revenus au temps des bals de village, avec l’orchestre qui répète sur fond de décor peint, les chaises dos au mur autour de la piste, les hommes en gilet et les filles qui, par deux, mains sur leurs genoux gainés de collants opaques, attendent qu’on les invite à danser…
Un esthétisme retro qui tient aussi aux tentures rouges et aux nappes en papier, sans être pour autant l’effet recherché. Les gens ici ne sont pas sciemment déguisés, et cherchent juste à faire revivre l’ambiance des fêtes de village du Salento, où les femmes en robe longue font virevolter leur foulard devant leurs cavaliers qui jouent des castagnettes. Il y a quelque chose de fellinien chez ces hommes à bretelles qui se pavanent, et c’est à qui saura le mieux enchainer les pas, lévera les genoux le plus haut et aura les plus belles auréoles sous les bras…
La conversation tournait l’autre jour autour des italiens expatriés qui continuent de faire vivre dans leurs coeurs une Italie fantasmée; mais dans le pays même, les gens du sud entretiennent la ferveur de la terre qu’ils ont laissée, et où le temps s’est pour eux arrété à l’époque où ils l’ont quittée…
Impossible d’échapper à l’enthousiasme général, à cette lancinante musique qui tient à la fois des rythmes slaves et orientaux, ni de ne pas rejoindre les farandoles de danseurs – ronde, salut, mains sur les hanches, faites tourner votre cavalière – qui accepte sans broncher les novices. Finalement, personne ne reste assis, jeunes et vieux se mèlent, femmes mises en valeur par d’élégantes robes et cinquantenaires en baskets, et tous se laissent porter par le rythme des tambourins et des clochettes, dans une harmonie qui embellit les visages et vous ferait snober à jamais n’importe quel boîte de nuit ou party…
Circolo ARCI Bellezza – via Bellezza 16A – Milano (carte associative annuelle Arci obligatoire, 16€, s’inscrire à la newsletter pour connaître les prochaines dates dédiées à la pizzica)
Tout à fait le genre de soirée que j’adore !
quelle richesse culturelle quand meme! ici tout cela a quasiment disparu …j’aime beaucoup votre blog: il est très bien fait; toutes mes félicitations
Marie