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après Novencento, les chateaux de la colère, et océan mer, je m’étais largement enthousiasmée il y a peu pour l’excellent City d’Alessandro Baricco… aussi, quand je suis tombée sur Cette histoire-là, je n’ai pas hésité, bien qu’il y fusse manifestement question de course automobile, domaine dans lequel je suis au moins aussi ignorante qu’en foot, et que le texte de la 4ème de couverture soit aussi palpitant que l’éphéméride du lundi soir…Mais en fait, vous vous en doutez-bien (parce que quand je fais des blagues pourries, c’est généralement que je suis de bonne humeur), il n’était pas uniquement question de courses automobiles… mais d’une histoire, celle-là, celle de ce personnage parmis d’autres et pourtant si singulier, de l’histoire telle qu’il l’a vécue, hanté par, non pas les courses automobiles, mais par l’idée qu’il se fait d’une course automobile, cette course effrénée vers son destin, avec ses virages, ses ralentissements et ses risques, ses enjeux et sa temporalité propre…

Avec toujours d’excellents personnages (notamment les personnages féminins, Baricco doit avoir une muse à l’humour décapant) et une histoire qui est, comme dans City, vue retrospectivement… Et si bien écrite qu’à la fin, on ne sait plus bien si on l’aime parce qu’elle ne parle pas vraiment d’automobiles, ou si l’on s’est pris en route à les aimer, ces automobiles, et à s’enthousiasmer aussi pour cette longue route, ces courbes du destins, ces jeunes filles qui s’entichent des coureurs de la Mille Miglia et ce dos-d’ane de Piassebene en haut duquel les roues quittent le sol pour quelques instants…

extraits:
« Avant que nous nous quittions, Libero Parri a encore eu le temps de m’expliquer qui est Fangio et comment on peut truquer un carburateur sans que les juges de course s’en aperçoivent. Ca peut toujours servir, a-t-il dit. »

« Avec la mélancolie qui est le cadeau ultime du vin, Libero Parri commença à parler, la tête basse, allant pêcher dans certains de ses souvenirs. Il entendait le pas de son fils, à coté de lui, et il parlait parce que parler était une manière de faire durer ce moment et cette proximité. Il se mit à parler de sa mère, qu’Ultimo n’avait pas connu: sa façon de casser les noix, et les drôles d’idées qu’elle avait sur le Jugement dernier. »

un dernier pour le plaisir:

En revanche, je ne vous recommande que tiédement Soie du meme auteur, que j’ai lu dans la foulée… toujours de jolis personnages mais une histoire un peu fade et sans réél rythme, avec pourtant un choix insolite et charmant, celui de placer l’histoire dans le contexte de l’élevage et le commerce des vers à soie… pas un mauvais livre, et toujours bien écrit, mais décevant pour du Baricco… disons que je ne vous le recommande pas si vous ne connaissez pas l’auteur…